vendredi 8 mai 2015

Review Ciné: Interstellar de Christopher Nolan


WARNING : des spoilers sont présents dans cette critique toute fraîche (ou chaude, j’hésite entre les deux expressions… mais bref), tu peux continuer si tu as déjà vu le film ou si tu t’en bats les steaks mais ne va pas te plaindre à la gendarmerie locale ou à Google que tu as été traumatisé par ma faute ! Bonne lecture et hésites pas à faire des donations si tu aimes le blog (RIB et adresse fournis sur demande) !
 
" Regarde ma chérie les belles étoiles... de jour ! "


      " Vers l'infini et au-delà ! ". Cette devise a hanté ma plus tendre enfance et marque encore ma personne tant j’ai été médusé par le phrasé mythique de ce cosmonaute fou qu'est Buzz l'éclair. Véritable déclaration d'amour pour l'aventure et les étoiles, elle est devenue l'incantation parfaite du "toujours plus loin, toujours plus fort" et un hymne à se lancer dans l'aventure.


Même les minous sont atteints par le phénomène  !


Le dernier film de Christopher Nolan est une parfaite retranscription de ce sentiment là (Quoi ?! Un spin-off de Toy Story ?!) et une belle description de l'amour  comme vecteur et essence de notre humanité.


Cooper (Matthew McConaughey - éternel Rust Cohle de True Detective (QUOI ?! Vous avez jamais vu ce chef d'oeuvre ?!)) est un brave ex-ingénieur reconverti en fermier (José Bové where are you ?) cultivant avec le peu de moyens qu'il a, les dernières récoltes possibles sur Terre. En effet, dans le futur notre planète se meurt en devenant peu à peu un véritable désert. Cette désagrégation, elle est lente, inarrêtable mais aussi et surtout peu extraordinaire.

 
"So... you're telling me that our biggest ennemy is dust ? Well, let's call Dyson"


Oubliez "2012" et "Armageddon", point d'explosions, de flammes ou de vaisseaux aliens pour nous tuer: une simple tempête de poussière aride aura raison de nous. Cette simplicité de la menace et du trépas des Hommes marque le désespoir d'une société humaine qui a trop longtemps nié son impact sur son environnement/écosystème et s’inscrit à présent dans un déni des plus totales sur sa propre histoire (nous ne sommes jamais allé sur la lune... même Tintin ?!) et ses capacités (tout le monde est formé pour devenir agriculteur, le paradis pour Europe Écologie - les Verts !).


Comme si, horrifiée par les innovations qu'ils ont mis en oeuvre, la civilisation humaine ne se mettait plus qu’à voir dans la technique et le progrès scientifique, une folle tentative à s'imposer comme maître de la Nature (merci Descartes pour ton souhait pourri) et accélérer leur chute. Peur d'une malédiction ? Psychose ? Traumatisme ? Ou réel dépit ? Cette humanité-là, fait bien de la peine à voir (tu peux parler tu t'es pas vu toi ! (crise de schyzophrénie dsl))...
 
 
"Fuck it, we go to space with Catwoman !" 


C'est dans ce contexte que Cooper accepte la dernière mission spatiale humaine qui lui est proposée par un certain Dr Brawn (Michael Caine... Alfred <3 <3 <3) dont il a pu avoir les coordonnés par lecture de poussière (après twitter, voilà le réseau social du futur !): retrouver les membres d’une mission d’exploration d’un autre univers pour trouver un nouveau monde habitable pour l’Humanité. En attendant, le brave docteur se chargera de solutionner l'équation de la gravité afin de permettre l’évacuation des populations restantes sur Terre.

 
" Magic Matthew "
Sans hésitations, Cooper part. Fatigué de voir sa famille dépérir sans rien pouvoir faire, il va, pour la première fois de sa vie, user pleinement de ses facultés dans un but non illusoire (fini les rêves à la con à se prendre pour le pilote, là on passe enfin aux choses sérieuses !). Il devra cependant faire face au désespoir et à la colère de sa fille, Murphy, qui n’arrive à comprendre le choix de son père qu'elle considère comme un abandon : pourquoi partir pour les sauver s’il ne pourra certainement pas revenir ? Son choix aura une certaine conséquence sur sa relation de parent et c’est là tout le cœur du film et sa véritable beauté. Comment promettre à son enfant l’impossible si on est sûr de rien hormis de l’amour qu’on lui porte ? Entre le cœur et la logique, quelle position adopter ?

 
" I'll be back " - Cooper citant le grand prophète Schwarzy


Une équipe est formée afin de mener à bien ce qui nous est présentée comme l’ultime mission spatiale de la NASA (ou du moins ce qu’il en reste). En cas d’échec, ils devront se référer à un plan B visant une relative préservation de la race humaine (comprendre ici que le vaisseau est une banque de sperme et d’ovules pleine à craquer pour coloniser un nouveau monde ! (hmm oui c’est un peu dégueulasse mais bon tant que rien ne se renverse à l’intérieur "everything’s allright" ;-) )). Cooper, la fille du Dr Brawn (Anne Hattaway – sexy catwoman rrrr) et deux autres compères scientifiques peu caractérisés (le film fait quand même 2h30 alors bon…) mais aussi TARS, soit le robotlepluscooldumondebondieuprenezmonargent (fusion parfaite entre un énorme IPad et une œuvre d’art contemporain avec un humour aussi ravageur que votre grand père sous cocaïne) constituent le groupe de personnages principaux que nous allons suivre dans la seconde partie du film (agrémenté de courtes scénettes sur Terre avec la famille de Cooper).

 
Ce robot a juste une classe divine, c'en est honteux!

Traversant un trou de verre (non pas le tien abruti d’ivrogne ! L’abus d’alcool est dangereux pour la santé je vous le rappelle (spoiler ?!)) pour arriver jusqu’à l’autre univers, leur périple les mènera à visiter des mondes aux architectures invraisemblables (imaginez un océan sans fin avec des vagues de la taille de l’empire state building ? Ça donne envie de surfer hein ?!) et ô combien nolanniens (nouvel adjectif dans le prochain Larousse – la planète aux montagnes dans le ciel et au sol fait directement penser au Paris déformé d’Inception).

 
" Hmm mec comment on fait pour rejoindre les pistes d'en haut ?"

Mais tout voyage a son lot d’imprévus et celui-ci n’en fera pas exception, bien au contraire... Face aux lois physiques, ils ne pourront malheureusement rien et seront très vite ramenés à leur simple nature humaine. Le temps et la vitesse s’imposent ainsi comme les vrais antagonistes de cette fable spatiale et ces ennemis là, au contraire d’un caricatural parrain de la drogue ou  d’un terroriste de NCIS, n’ont aucune pitié.

 
Bon lui aussi est un personnage à part entière dans le film... Et non ce n'est pas un donut!

Ainsi, une vingtaine d’années se voit envoler pour Cooper et ses coéquipiers pour un arrêt mal géré. Des années perdus qu’il n’a pas subi physiquement mais que sa fille a vécu à le renier et le haïr, des instants envolés avec sa famille (voir son fils construire sa propre famille, etc) et qu’il ne peut rattraper.


 
" Papaoutai " - Tube favori des enfants de Cooper

C’est cette profonde blessure humaine qui va mener les personnages vers le grand final du film où une certaine vérité émergera, ébranlant leurs convictions sur le réel motif de leur voyage mais aussi sur leur conception de l’humanité. Comme pour « Snowpiercer », Interstellar met en face l’un de l’autre : humanité et Humanité, les confrontant, les interrogeant mais sans jamais juger lequel est le plus moral par rapport à l’autre. Chaque choix pouvant se justifier à lui-même et nous renvoyant à notre conception personnelle de la survie, de la filiation mais aussi des choix moraux.
La conclusion du film est un formidable ballet dansant de manœuvres d’engins spatiaux et de saut dans l’inconnu. Sans en dévoiler l’intégralité, il est difficile de ne pas être happé par la tension grandissante et au désespoir  s'accumulant au fur et à mesure que s’enchaînent les séquences.

 
Une autre réaction possible après le visionnage du film...
 

Tout comme Curtis, l'homme au bonnet de "Snowpiercer", Cooper fait un choix – entre la folie et la raison – et va jusqu’au bout de celui-ci quand bien même il n’a que peu conscience des répercussions. Rares sont les personnages aussi têtus et passionnels que celui dépeint par Mathew Mcconaughey : pas un gros costaud ni un génie des sciences mais avant tout un père et un homme à failles. C'est là, la réelle motivation de Nolan, non pas d'essayer de produire le "2001: l'odyssée de l'espace" d'aujourd'hui (non sérieusement combien de "critiques" citent le film de Kubrick dès qu'une oeuvre cinématographique sur l'espace sort ?) mais de dépeindre une relation humaine fragile mais ô combien endurante malgré le temps et la distance. Ainsi, elle nous est présentée comme élément indissociable de tout individu, marquant sa perception du monde et ses actions: serait-ce alors une caractéristique de notre humanité sachant qu'aucun ne peut la renier ?

Si l'intrigue peut souffrir d'une écriture assez "écologique" (tout ce qui nous est montré sera réutilisé et expliqué), elle ne dénature jamais cet aspect tout comme l'intensité émotionnelle du voyage de Cooper jusqu'aux siens.

Mais oui Matthew on le sait le film il est top, pas besoin de lever le pouce !



S’il n’est pas parfait (certains personnages peu développés, une ou deux longueurs, pas assez de Matthew McConaughey ni de Jessica Chastain mais surtout WHERE IS BATMAN ?!), Interstellar s’impose comme une œuvre clé dans la filmographie de Christopher Nolan de par le spectre des émotions qu’il nous fait subir mais aussi le portait simple et touchant de la relation entre un père et sa fille que tout a séparé (euh… il a un fils aussi mais bon on s’en fout). Mention spéciale à la b.o de Hans Zimmer particulièrement innovante dans le répertoire du compositeur et qui fait tout le charme du film.

Note:

/5

Master Class Slip Interstellaire - Passionnant et envoûtant à voir absolument (ne serait-ce que pour voir Matthew McConaughey s'envoyer en l'air...dans l'espace ! 
Bonus track du Slip: votre robot TARS fait maison grâce... à une tablette de Kit kat (placement de prooooooduit!)

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