WARNING : des spoilers sont présents dans cette
critique toute fraîche (ou chaude, j’hésite entre les deux expressions… mais
bref), tu peux continuer si tu as déjà vu le film ou si tu t’en bats les
steaks mais ne va pas te plaindre à la gendarmerie locale ou à Google que tu as été traumatisé par ma faute
! Bonne lecture et hésites pas à faire des donations si tu aimes le blog (RIB et
adresse fournis sur demande) !
" Regarde ma chérie les belles étoiles... de jour ! "
" Vers l'infini et
au-delà ! ". Cette devise a hanté ma plus tendre enfance et marque encore
ma personne tant j’ai été médusé par le phrasé mythique de ce cosmonaute fou
qu'est Buzz l'éclair. Véritable déclaration d'amour pour l'aventure et les
étoiles, elle est devenue l'incantation parfaite du "toujours plus loin,
toujours plus fort" et un hymne à se lancer dans l'aventure.
Même les minous sont atteints par le phénomène !
Le dernier film de
Christopher Nolan est une parfaite retranscription de ce sentiment là (Quoi ?!
Un spin-off de Toy Story ?!) et une belle description de l'amour comme vecteur et essence de notre humanité.
Cooper (Matthew
McConaughey - éternel Rust Cohle de True Detective (QUOI ?! Vous avez jamais vu
ce chef d'oeuvre ?!)) est un brave ex-ingénieur reconverti en fermier (José
Bové where are you ?) cultivant avec le peu de moyens qu'il a, les dernières
récoltes possibles sur Terre. En effet, dans le futur notre planète se meurt en
devenant peu à peu un véritable désert. Cette désagrégation, elle est lente,
inarrêtable mais aussi et surtout peu extraordinaire.
"So... you're telling me that our biggest ennemy is dust ? Well, let's call Dyson"
Oubliez "2012"
et "Armageddon", point d'explosions, de flammes ou de vaisseaux
aliens pour nous tuer: une simple tempête de poussière aride aura raison de
nous. Cette simplicité de la menace et du trépas des Hommes marque le désespoir
d'une société humaine qui a trop longtemps nié son impact sur son
environnement/écosystème et s’inscrit à présent dans un déni des plus totales
sur sa propre histoire (nous ne sommes jamais allé sur la lune... même Tintin
?!) et ses capacités (tout le monde est formé pour devenir agriculteur, le
paradis pour Europe Écologie - les Verts !).
Comme si, horrifiée par
les innovations qu'ils ont mis en oeuvre, la civilisation humaine ne se mettait
plus qu’à voir dans la technique et le progrès scientifique, une folle
tentative à s'imposer comme maître de la Nature (merci Descartes pour ton
souhait pourri) et accélérer leur chute. Peur d'une malédiction ? Psychose ?
Traumatisme ? Ou réel dépit ? Cette humanité-là, fait bien de la peine à
voir (tu peux parler tu t'es pas vu toi ! (crise de schyzophrénie dsl))...
"Fuck it, we go to space with Catwoman !"
C'est dans ce contexte que
Cooper accepte la dernière mission spatiale humaine qui lui est proposée par un
certain Dr Brawn (Michael Caine... Alfred <3 <3 <3) dont il a pu avoir
les coordonnés par lecture de poussière (après twitter, voilà le réseau social
du futur !): retrouver les membres d’une mission d’exploration d’un autre
univers pour trouver un nouveau monde habitable pour l’Humanité.
En attendant, le brave docteur se chargera de solutionner l'équation de la
gravité afin de permettre l’évacuation des populations restantes sur Terre.
" Magic Matthew "
Sans hésitations,
Cooper part. Fatigué de voir sa famille dépérir sans rien pouvoir faire, il va,
pour la première fois de sa vie, user pleinement de ses facultés dans un but
non illusoire (fini les rêves à la con à se prendre pour le pilote, là on passe
enfin aux choses sérieuses !). Il devra cependant faire face au désespoir et à
la colère de sa fille, Murphy, qui n’arrive à comprendre le choix de son père
qu'elle considère comme un abandon : pourquoi partir pour les sauver s’il ne
pourra certainement pas revenir ? Son choix aura une certaine conséquence sur
sa relation de parent et c’est là tout le cœur du film et sa véritable beauté.
Comment promettre à son enfant l’impossible si on est sûr de rien hormis de
l’amour qu’on lui porte ? Entre le cœur et la logique, quelle position adopter ?
" I'll be back " - Cooper citant le grand prophète Schwarzy
Une équipe est formée afin
de mener à bien ce qui nous est présentée comme l’ultime mission spatiale de la
NASA (ou du moins ce qu’il en reste). En cas d’échec, ils devront se référer à
un plan B visant une relative préservation de la race humaine (comprendre ici
que le vaisseau est une banque de sperme et d’ovules pleine à craquer pour
coloniser un nouveau monde ! (hmm oui c’est un peu dégueulasse mais bon tant
que rien ne se renverse à l’intérieur "everything’s allright" ;-) )).
Cooper, la fille du Dr Brawn (Anne Hattaway – sexy catwoman rrrr) et deux
autres compères scientifiques peu caractérisés (le film fait quand même 2h30
alors bon…) mais aussi TARS, soit le robotlepluscooldumondebondieuprenezmonargent
(fusion parfaite entre un énorme IPad et une œuvre d’art contemporain avec un
humour aussi ravageur que votre grand père sous cocaïne) constituent le groupe
de personnages principaux que nous allons suivre dans la seconde partie du film
(agrémenté de courtes scénettes sur Terre avec la famille de Cooper).
Ce robot a juste une classe divine, c'en est honteux!
Traversant un trou de
verre (non pas le tien abruti d’ivrogne ! L’abus d’alcool est dangereux pour
la santé je vous le rappelle (spoiler ?!)) pour arriver jusqu’à l’autre
univers, leur périple les mènera à visiter des mondes aux architectures
invraisemblables (imaginez un océan sans fin avec des vagues de la taille de l’empire
state building ? Ça donne envie de surfer hein ?!) et ô combien nolanniens (nouvel
adjectif dans le prochain Larousse – la planète aux montagnes dans le ciel et
au sol fait directement penser au Paris déformé d’Inception).
" Hmm mec comment on fait pour rejoindre les pistes d'en haut ?"
Mais tout voyage a son lot
d’imprévus et celui-ci n’en fera pas exception, bien au contraire... Face aux
lois physiques, ils ne pourront malheureusement rien et seront très vite
ramenés à leur simple nature humaine. Le temps et la vitesse s’imposent ainsi
comme les vrais antagonistes de cette fable spatiale et ces ennemis là, au contraire
d’un caricatural parrain de la drogue ou d’un terroriste de NCIS, n’ont aucune pitié.
Bon lui aussi est un personnage à part entière dans le film... Et non ce n'est pas un donut!
Ainsi, une vingtaine
d’années se voit envoler pour Cooper et ses coéquipiers pour un arrêt mal géré.
Des années perdus qu’il n’a pas subi physiquement mais que sa fille a vécu à le
renier et le haïr, des instants envolés avec sa famille (voir son fils construire sa propre famille, etc) et qu’il ne peut
rattraper.
" Papaoutai " - Tube favori des enfants de Cooper
C’est cette profonde
blessure humaine qui va mener les personnages vers le grand final du film où
une certaine vérité émergera, ébranlant leurs convictions sur le réel motif de
leur voyage mais aussi sur leur conception de l’humanité. Comme pour
« Snowpiercer », Interstellar met en face l’un de l’autre :
humanité et Humanité, les confrontant, les interrogeant mais sans jamais juger
lequel est le plus moral par rapport à l’autre. Chaque choix pouvant se justifier
à lui-même et nous renvoyant à notre conception personnelle de la survie, de la
filiation mais aussi des choix moraux.
La conclusion du film est
un formidable ballet dansant de manœuvres d’engins spatiaux et de saut dans
l’inconnu. Sans en dévoiler l’intégralité, il est difficile de ne pas être
happé par la tension grandissante et au désespoir s'accumulant au fur et à mesure que
s’enchaînent les séquences.
Une autre réaction possible après le visionnage du film...
Tout comme Curtis, l'homme au bonnet de
"Snowpiercer", Cooper fait un choix – entre la folie et la raison – et va
jusqu’au bout de celui-ci quand bien même il n’a que peu conscience des
répercussions. Rares sont les personnages aussi têtus et passionnels que celui
dépeint par Mathew Mcconaughey : pas un gros costaud ni un génie des
sciences mais avant tout un père et un homme à failles. C'est là, la réelle motivation de Nolan, non pas d'essayer de produire le "2001: l'odyssée de l'espace" d'aujourd'hui (non sérieusement combien de "critiques" citent le film de Kubrick dès qu'une oeuvre cinématographique sur l'espace sort ?) mais de dépeindre une relation humaine fragile mais ô combien endurante malgré le temps et la distance. Ainsi, elle nous est présentée comme élément indissociable de tout individu, marquant sa perception du monde et ses actions: serait-ce alors une caractéristique de notre humanité sachant qu'aucun ne peut la renier ?
Si l'intrigue peut souffrir d'une écriture assez "écologique" (tout ce qui nous est montré sera réutilisé et expliqué), elle ne dénature jamais cet aspect tout comme l'intensité émotionnelle du voyage de Cooper jusqu'aux siens.
Si l'intrigue peut souffrir d'une écriture assez "écologique" (tout ce qui nous est montré sera réutilisé et expliqué), elle ne dénature jamais cet aspect tout comme l'intensité émotionnelle du voyage de Cooper jusqu'aux siens.
Mais oui Matthew on le sait le film il est top, pas besoin de lever le pouce !
S’il n’est pas parfait
(certains personnages peu développés, une ou deux longueurs, pas assez de
Matthew McConaughey ni de Jessica Chastain mais surtout WHERE IS BATMAN ?!), Interstellar
s’impose comme une œuvre clé dans la filmographie de Christopher Nolan de par
le spectre des émotions qu’il nous fait subir mais aussi le portait simple et
touchant de la relation entre un père et sa fille que tout a séparé (euh… il a
un fils aussi mais bon on s’en fout). Mention spéciale à la b.o de Hans Zimmer particulièrement innovante dans le répertoire du compositeur et qui fait tout le charme du film.
Note:
/5
Master Class Slip Interstellaire - Passionnant et envoûtant à voir absolument (ne serait-ce que pour voir Matthew McConaughey s'envoyer en l'air...dans l'espace !
Bonus track du Slip: votre robot TARS fait maison grâce... à une tablette de Kit kat (placement de prooooooduit!)